2009-04-29– St-Vincent-de-Paul : le Compop propose

Samedi, 25 avril. C’est la canicule : 30 degrés au mois d’avril. Tout le monde est dehors… sauf les participants au forum citoyen organisé par le ComPop de St-Jean-Baptiste sur le sort du site de l’ancien Patro St-Vincent-de-Paul.

Courageux, ces participants, et audacieux, ces gens du ComPop, créatifs en plus. Jugez-en. Voyez ce qu’ils proposent, entre autres solutions pour ce trou béant laissé par la disparition du Patro.

Le forum

Trois panélistes : Marcel Junius, architecte et urbaniste, bien connu comme auteur de la Loi sur les biens culturels, Secrétaire général de l’OVPM; Winnie Frohn, philosophe et ex-conseillère de Saint-Jean-Baptiste, œuvrant actuellement à Montréal; Martin Robichaud, urbaniste à la maîtrise et Marc Boutin, géographe, qui ont présenté un projet intéressant de ce que pourrait devenir cet espace.

Trois élus : Agnès Maltais, députée de Taschereau à l’Assemblée nationale; Anne Guérette et Pierre Maheux, conseillers municipaux.

Quelque 80 participants : rien que des convaincus de l’odieux du projet. Personne, ni fonctionnaires, élus de la Ville ou représentants des gouvernements, pour défendre le projet du promoteur ou les décisions prises jusqu’à présent. On aurait apprécié la présence de l’autre point de vue. D’emblée, on constate un consensus chez les panelistes et l’assistance. C’est un gâchis scandaleux qu’il faut réparer au plus tôt.

Incohérence d’attribution des permis

Une grosse partie du problème origine de l’émission, par la Ville, du permis de démolition alors que le Ministère des Affaires culturelles, lui, n’avait pas donné son aval, tel que la Loi sur les biens culturels le prévoit. On subit exactement le même type de situation dans le domaine hôtelier, lorsque le Ministère du Tourisme émet une attestation de qualité hôtelière à un établissement qui n’a pas obtenu son permis d’hôtellerie de la Ville et par conséquent, opère illégalement. Cette dernière incohérence est en voie d’être corrigée, nous dit-on. Dans le cas de l’église St-Vincent-de-Paul, les conséquences sont évidemment plus fatales que dans le cas d’un hôtel illégal. L’édifice a disparu. L’hôtel illégal, au moins, on peut toujours le fermer.

Tous ont déploré cette incohérence qu’une véritable collaboration, coordination, entre le Ministère et la Ville, corrigerait immédiatement.

L’enjeu actuel

Il dépasse largement la fameuse façade et l’hôtel prévu. Il concerne :

  • Un site exceptionnel, une des portes d’entrée de la ville tant pour les Québécois que pour les touristes. Une vue magnifique sur les Laurentides et la Basse-ville, qu’il faut rendre aux citoyens.
  • Un plan d’ensemble pour toute la zone de la falaise, y compris la partie à l’intérieur des murs (Saint-Louis-de-Gonzague, etc.) dont il faut inventorier les possibilités. Le site aura toujours une valeur patrimoniale même si la pauvre façade orpheline n’en a pas.
  • Les propriétés conventuelles, qu’on est en train de vendre au plus offrant. Il est vrai que les communautés religieuses ont besoin de ressources pour payer leurs fonds de retraite, mais ces propriétés ont été payées en partie par les dîmes et ont été exemptées de taxes. La société a cependant une dette envers les communautés. Là, les avis sont partagés.
  • La participation du milieu aux choix d’aménagement de son territoire. La réalisation du projet d’hôtel représenterait un échec pour les citoyens, les groupes communautaires, les élus et fonctionnaires qui se sont opposés publiquement au projet.

Selon les participants, le site devrait être utilisé à de multiples fins communes : parc donnant sur la superbe vue, logements, y compris sociaux, stationnements souterrains puisque l’excavation est déjà faite. On suggère aussi d’y installer une maison des archives des œuvres de la Société Saint-Vincent-de-Paul à travers le Québec.

Certains proposent de prolonger la trame urbaine de Saint-Jean-Baptiste (hauteur moyenne de quatre étages, vocation résidentielle, mixité fonctionnelle) alors que d’autres veulent se situer dans la perspective plus large de l’utilisation de la falaise, d’en faire un emblème de Québec, avec un modèle vert, etc.

Tout le monde s’entend sur une question. Un seul hôtel emblématique est bien suffisant à Québec et il existe déjà. Le Château Frontenac tire d’ailleurs la majeure partie de son potentiel d’attraction de son site exceptionnel et de la promenade de la terrasse.

Exproprier le terrain ?

La conseillère Anne Guérette a avancé cette hypothèse. Il est tout à fait plausible, dit-elle, d’envisager une expropriation en cas de refus du promoteur de changer son projet. En mai et juin se tiendront des consultations publiques sur le PPU (programme particulier d’urbanisme). Bien que ces consultations ne concernent pas spécifiquement ce projet, elles contiendront des clauses permettant l’expropriation. À noter aussi que nos conseillers ont réussi, assez récemment, à faire inclure la zone de la côte d’Abraham dans zone concernée par le PPU.

Un appel à tous est lancé pour soumettre des projets d’aménagement, ou plus simplement des suggestions d’utilisation.

L’espace occupé par l’ancien Patro constitue la pointe ouest du Vieux-Québec car il fait partie de l’arrondissement historique tel que défini par la Ville et par l’UNESCO. On sait d’ailleurs qu’à plusieurs reprises, la mairie a tenté d’exclure le site St-Vincent-de-Paul de cet arrondissement historique.

Mais le site fait aussi naturellement partie de St-Jean-Baptiste. Et le ComPop y veille avec grand soin.

Le CCVQ était représenté à ce forum par Nadine Galy.

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