2011-02-09 – Éole et la sloche

En ce doux matin d’hiver, permettez qu’on vous entretienne d’un lancinant problème. Vous connaissez tous Éole, ce chaleureux dieu des vents que l’on rend responsable de tous nos frissons. Frissons de froidure, s’entend, car d’autres dieux se chargent des frissons d’amour.

Ce matin, il fait -18°. Mais attention, la météo va vous entretenir assidument du facteur éolien. Il fait -37 avec le vent. Ah Ha ! Que voilà un froid mordant qui nous rappelle les hivers d’antan !

Petit cours de physique. Le facteur éolien, ça existe mais pas exactement comme les sensationnalistes des media le présentent. Vite dit : si vous prenez un verre d’eau et le placez dehors sur la tablette de la fenêtre lorsqu’il fait -18 sans aucun vent, ça va lui prendre, mettons, 30 minutes à geler. S’il vente à 20km/h, ça va lui prendre 25 minutes à geler parce que le vent dissipe constamment la couche d’air que le verre réchauffe autour de lui, formant ainsi un isolant. Autrement dit, le verre se tisse une doudou que le vent lui arrache à mesure. Il gèle plus vite mais que ce soit en 30 minutes sans vent ou en 25 minutes avec vent, le verre sera à la même température, zéro. Il sera gelé. Et X minutes plus tard, plus vite s’il vente, il sera rendu à la température ambiante, -18°. Pas -37, -18.

Avez-vous remarqué que l’été, les média ne vous parlent plus du facteur vent ? Que non ! Ils vous parlent du facteur humidex. Il fait 28° dehors mais avec l’humidex, il fait 37°. Ah Ha ! Que voilà une chaleur suffocante qui rend essentielle l’achat d’un climatiseur énergivore par un québécois par ailleurs écologiquement exemplaire.

Or, Éole ne prend quasiment jamais de vacances. L’été, lorsqu’il fait 28°, on va effectivement sentir la journée plus chaude parce que l’humidité retarde l’évaporation de notre sueur, laquelle évaporation constitue notre climatisation naturelle. Mais on va aussi la sentir plus fraîche parce qu’Éole souffle en accélérant l’évaporation de notre sueur.

Alors quand les media vous racontent, un bel après-midi de Festival d’été, qu’il fait 28° mais qu’avec l’humidex il fait 37° tout en vous disant que les vents sont à 20km/h avec rafales à 30km/h, dites-vous bien qu’il ne font que s’amuser avec le sensationnalisme.

Tout ça pour vous dire que dimanche dernier, il ne faisait pas très froid, -2° et que pour «Québec, capitale de la neige», on repassera. C’était «Québec, capitale de la sloche». La nouvelle neige qui venait de tomber était complètement violée par le sel, ce maudit sel qui, depuis 50 ans maintenant, transforme les centre-ville en incommensurable merdier.

Jetez un coup d’œil sur ces quelques photos prise en deux minutes au coin d’une rue de notre Vieux-Québec, alors que les gens tentaient de jouir du Carnaval d’hiver. Mon pays, c’est l’hiver, mais l’hiver salé, c’est sale.

Du sel, on sait bien qu’on n’en épandra pas pendant des siècles. C’est affreux pour l’environnement et c’est pas au profit des gens qu’on fait ça, c’est pour faire rouler les chars et pour éviter les problèmes avec les avocats.

Alors aussi bien commencer tout de suite à trouver d’autres façons de gérer l’hiver et de réduire au minimum l’usage du sel, néanmoins adéquat en certaines circonstances. En hiver, on peut faire rouler des autos et prévenir la chute des gens âgés sur les trottoirs autrement qu’à renforts de sel. Du jus de betterave qu’ils essaient cette année au Nouveau-Brunswick, pour remplacer le sel. Oui, oui, du jus de betteraves, c’est pas une blague. Mais il y a d'autres moyens que de faire fondre la neige. On peut aussi apprendre à vivre avec.

Dans le Vieux-Québec, le sel en hiver, c’est un puissant dissuasif tant à la résidence qu’au commerce. On va lancer un groupe de travail là-dessus. Un autre chantier de 20 ans… ou de trente ans. Faut s’y mettre !

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