2011-10-02 – Frontenac était urbaniste

Vous ne le saviez pas, évidemment. L’enseignement de l’histoire étant ce qu’il est au Québec (soupir), tout ce que l’on retient de Louis de Buade, comte de Frontenac, c’est qu’il a envoyé promener l’ami William Phips qui le sommait de décamper et lui remettre Québec sur un plateau d’argent.

Quel culot, cette tête carrée de Phips ! Comme si Frontenac, et la France avec, avait été une mauviette. «Allez dire à votre maître que je lui répondrai par la bouche de mes canons» riposta Frontenac à l’émissaire de Phips qui le sommait de se rendre sans coup férir. Imaginez ce que Phips se serait fait dire si Régis Labeaume avait été gouverneur de la Nouvelle-France, au lieu de Frontenac.

Pas compliqué. Face à Frontenac, Phips a attaqué. Il a perdu. Face à Labeaume, pas besoin de canon, la bouche fait l’affaire. Phips aurait détalé sans demander son reste.

Mais le résultat est le même. Avec Frontenac, Québec est demeuré possession française. Et nous, aujourd’hui, on profite de monsieur Labeaume mieux que s’il avait régné à la place de Frontenac en 1690.

Ce qui nous ramène à Frontenac, l’urbaniste.

Rien ne m’a paru si beau et si magnifique que la situation de la ville de Québec qui ne pourrait pas être mieux postée quand elle devrait un jour devenir la capitale d’un grand empire […]. Je trouve qu’on a fait jusques ici, ce me semble, une très grave faute en laissant bâtir des maisons à la fantaisie des particuliers, et sans aucun ordre, parce que dans des établissements comme ceux-ci qui peuvent un jour devenir très considérables, on doit, je crois, songer non seulement à l’état présent dans lequel on se trouve, mais à celui où les choses peuvent parvenir.

C’est en 1672 qu’il a dit ça, le Frontenac. Il arrivait à Québec pour prendre son siège de gouverneur.

«Songer non seulement à l’état présent dans lequel on se trouve, mais à celui où les choses peuvent parvenir», qu’il dit, le monsieur. C’est exactement ce à quoi on pensait, au CCVQ, quand on a organisé les États généraux du Vieux-Québec.

Et c’est à quoi on veut s’affairer. Aider nos élus à prendre aujourd’hui les bonnes décisions pour que dans trente ans et au-delà, le Vieux-Québec soit celui qu’on voudra. Pas celui qu’on regrettera.

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