2012-03-04 – Un pari sur l’Agora ?

En 2006, après des mois d’études par les uns et de consultations par les autres, on assistait à un rare phénomène : l’unanimité.

La Ville de Québec, Parcs Canada, le Port de Québec, le CCVQ, le Conseil des monuments et sites et le Comité consultatif sur le Vieux-Québec, pour ne nommer que ceux-là, recommandaient le déménagement de l’Agora du Vieux-Port hors la Pointe-à-Carcy.

Argument massue : l’immense difficulté de rentabiliser l’Agora à cet endroit. Cette seule raison, économique, fédérait tous les autres arguments : conservation du patrimoine, urbanisme, esthétique et vie citoyenne.

Mais voilà, il y avait un os.

L’os, c’était la coalition Sauvons l'Agora d'la noyade et son égérie, Julie Graf. Ces gens aimaient les trois ou quatre concerts rock que Genex y organisaient chaque été. Ils étaient bons les concerts rock. Mais pour autant, ça ne rendait pas l’Agora correcte au plan urbanisme, ni viable au plan commercial. De là la belle unanimité précitée.

Au diable l’unanimité

Mais le gouvernement conservateur, tout frais élu et de qui dépendait la décision de déménager ou pas l’Agora, ne l’entendait pas ainsi. Les gens qui aimaient les concerts à l’Agora, c’étaient beaucoup ses nouveaux électeurs. Alors, au diable les experts, on joue à fond la carte de l’électoralisme et on enfonce dans la gorge de Ross Gaudreault, alors DG du Port, la décision d’y conserver l’Agora, en face de l’Édifice de la Douane.

Tant pis pour la Ville de Québec, tant pis pour Parcs Canada, tant pis pour tout le monde qui s’est penché soigneusement sur la question, on fait plaisir à nos électeurs même si ceux-ci n’ont, bien normalement d’ailleurs, qu’une vague idée des enjeux et ne songent qu’à leur plaisir estival. «C’est la victoire du gros bon sens» clamait Marc Bellemare en louangeant la décision des conservateurs.

«L'Agora reste à Pointe-à-Carcy avec 3M$ pour réaménager l'acoustique et les sièges. La démolition coûtait 19M$.» clamait le député conservateur de Charlesbourg, Daniel Petit.

Pardon monsieur Petit, 3M$, c’était seulement pour les équipements, vous passez le reste sous silence. 19M$, c’était pas pour la démolition mais bien pour l’aménagement complet de la Pointe, notamment d’un magnifique plan d’eau en lieu et place de l’Agora, proposé par Georges Amyot, l’architecte engagé par le port. . Ce plan d’eau, en plus d’être un rappel historique que le fleuve baignait les pieds de l’édifice de la Douane, aurait également constitué une barboteuse favorisant la vie familiale estivale dans le Vieux-Port et ce, pas mal mieux que quelques concerts en soirée.

«Nous avons reçu 100 000 courriels. Nous avons écouté la population et on sauve de l'argent. La population voulait le garder. C'était une lutte entre le Port de Québec et les élus, et nous avons gagné», trompetait M. Petit avec toute la mauvaise foi possible.

Sauf que…

Sauf qu’aujourd’hui, 19M$ de rénovations plus tard, il se produit exactement ce que tous les experts avaient constaté dans le passé et prédit pour l’avenir. L’Agora n’est pas rentable. On ne sait plus trop quoi faire avec. On est «poignés».

Même le Festival d’été, via sa filiale Inter-Nation-Art qui, en plus d’y produire des spectacles louait l’Agora à d’autres promoteurs, n’a pas réussi à faire de l’argent. De fait, on a réussi à en perdre au moins 250K$ en 2010. On ne connaît pas encore la perte de 2011.

La solution ?

Alors, on cherche une solution. Décision jeudi prochain le 8 mars, nous dit-on, qu’annonceront les autorités du Port. Quant à nous, la solution c’est d’éliminer le problème, pas le «patcher». Éliminer l’Agora. Les Américains ont un vieux principe : Never put good money after bad money. On a assez calé de mauvais argent dans ce mauvais projet. On oublie ça !

Quand la récession sera finie (!) on verra comment réaménager la cuvette de l’Agora. En attendant, vendons les équipements son et lumière et laissons les sièges en place. Les promeneurs iront s’y installer pour pique-niquer et se reposer, les beaux après-midi de juillet. Finis les casse-tête et les déficits.

Ouais, le problème c’est que le gouvernement conservateur, le grand boss du Port, a encore le dernier mot. Pensez-vous qu’il va admettre son erreur ?

Je ne mettrais pas un dix là-dessus. Vous ?

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