Les grands événements contribuent-ils à la notoriété de Québec ? Oui. Tous de façon égale ? Non. Sont-ils intéressants et récréatifs ? Oui. Tous de façon égale ? Non. Sont-ils encombrants ? Oui. Tous de façon égale ? Non.
Il y en a un, le Grand Prix Cycliste de Québec, qui est très fort pour contribuer à la notoriété de Québec, très intéressant, récréatif et peu encombrant.
On les voudrait tous comme ça…
Laissez un résidant du Vieux-Québec vous relater sa journée du 7 septembre, passée avec femme et enfants à chasser le coureur cycliste à travers son quartier. Jean Rousseau raconte…
Le Grand prix cycliste de Québec, pour notre famille, c’est la fête. C’est un beau congé, journée pédagogique pour les enfants car L’École des Ursulines ferme ses portes pour l’occasion.
Deux jours plus tôt, les clôtures de contrôle de foule ont fait leur apparition. Le matin même, les rues sont interdites d’accès. Vers 10h, les fans du Grand prix viennent choisir les meilleures places dans la Côte de la Montagne. C’est l’endroit du parcours où la dénivellation est la plus forte car la Côte s’étend sur 375m avec une pente moyenne de 10°, dont une portion de 165m à 13°. Mais pour Catherine, Simone et Thomas-Xavier, nul besoin de se presser. Ils n’ont qu’à ouvrir la fenêtre de leur chambre qui donne sur la Côte et d’y glisser la tête pour être aux premières loges.
Le départ est donné à 11h sur Grande-Allée. Vers 11h15 on entend sur la rue Dalhousie la pétarade de la moto de tête et des trois Harley du service de police de la Ville. On se précipite aux fenêtres. La foule s’anime. Voilà les premiers coureurs qui ont distancé de peu le peloton. Celui-ci arrive. On entend un cliquetis de changements de vitesse pour attaquer la Côte. Puis viennent les voitures accompagnant chaque équipe. Certaines se lancent à trois de front pour monter la Côte. Une doit céder à la hauteur de l’escalier Casse-cou. Les ambulances arrivent, nous annonçant une grève prochaine à coup de décalques couvrant leur véhicule. D’autres policiers en moto suivent et un minibus pour journalistes ferme le peloton. Le circuit forme une boucle de 12,6 km. 16 tours. Un total de 201,6 km.
18 minutes plus tard, tout ce beau monde repasse. Cela signifie qu’on roule sur une base de 40km/h. Et hop ! on attaque la Côte à nouveau. Nous décidons d’aller voir la course de plus près.
La ruche des coureurs est parfois compacte, parfois étirée. Nous descendons vers St-Pierre et Côte de la Montagne avec un arrêt au petit Parc de l’Unesco. On grimpe dans les cordages, tête en haut, tête en bas. Vite on redescend, pour aller voir la course. On se faufile alors vers le haut de la Côte et on prend l’escalier Charles-Baillargé pour voir d’un autre angle mais, trop tard ! ils sont déjà passés sur Buade.
Qu’à cela ne tienne, on se rend sur le terrain de l’hôtel de Ville, coin de La Fabrique et Desjardins. Avec les bâtons gonflables qu’un passant nous a gentiment donnés pour encourager les coureurs, on se réchauffe pour le prochain passage. Rapidement, le tout dégénère en un combat de Dart Vader et Luke Skywalker. On se tapoche à qui mieux mieux à coups de bâtons gonflables. Tout à coup, le peloton arrive. C’est fascinant. Après avoir atteint 60 km/h en descendant la rue St-Jean, les coureurs s’engagent en enfilade, parfois deux de front, les roues tout juste à quelques centimètres des autres pour bien se positionner sur Buade. Impressionnant !
On continue sur St-Jean et tiens, pourquoi pas un p’tit arrêt Chez Paillard. Sorbet à la framboise, au melon et fraise, à la mangue et glace au chocolat au lait. Bien assis dans les marches de Chez Paillard, nous dégustons en voyant dévaler la troupe sur les pavés. On se croirait sur la section Paris-Roubaix du Tour de France. Puis, une visite chez Archambault. Pendant que les enfants scrutent les jeux vidéo, je tombe sur le dernier album des Loco Locass, Le Québec est mort, Vive le Québec ! J’y trouve l’élégie parfaite pour le départ de Jean Charest :
…Libérons nous des libéraux d’abord,
La vrai lucidité réclame un effort de mémoire,
Constate les dégâts 3 mandats plus tard…
On nous avait parlé de pluie mais le ciel tient toujours. Nous nous dirigeons à l’intersection Des Glacis et Côte de la Potasse. Les cyclistes ont accumulé une bonne quantité d’énergie cinétique après la descente de la Côte de la Canoterie et St-Vallier-Est. Cette dernière est traîtresse car il y a rétrécissement à la hauteur de la Côte du Palais. Un panneau de signalisation est d’ailleurs couvert de coussins protecteurs. On est à deux tours de la fin. Le peloton de tête a deux minutes d’avance sur le peloton principal. Un des nombreux fans, équipé d’un vélo qui doit valoir plusieurs milliers de dollars, nous pointe du doigt Patrick Veilleux, numéro 17. Il est environ dixième mais il ne pourra rejoindre les meneurs. À ce moment, l’intérêt pour la course s’estompe chez les enfants. « On va finir la journée à la bibliothèque Gabrielle-Roy ? Oui !!! »