2008-10-04 – Design urbain et patrimoine, notions compatibles?

Benoît Bossé

La présentation récente du projet d’agrandissement du Capitole et l’enthousiasme que les représentations graphiques, tout indicatives qu’elles soient, ont suscité auprès des citoyens présents me laissent songeur quant à l’omniprésence du mimétisme et du pastiche dans notre architecture contemporaine. S’ajoutent à cette inquiétude celles suscitées par les demandes pressantes de plusieurs élus et de plusieurs citoyens quant à la reconstruction à l’identique du Manège militaire.

Vivre dans le Vieux-Québec implique-t-il d’être entouré de nouvelles constructions qui imitent les bâtiments anciens, qui en recopient les éléments décoratifs? Je crois que non.

La tenue en nos murs de la 16e Assemblée générale de l’ICOMOS (Conseil international des monuments et sites) devrait éveiller les consciences sur ces préoccupations. Sur le thème de l’esprit du lieu, cette rencontre devrait permettre l’adoption de la Déclaration de Québec sur la préservation de l’esprit du lieu par la sauvegarde du patrimoine matériel et l'immatériel.

Cette déclaration s’ajoutera à toutes celles qui ont déjà été adoptées par les experts internationaux d’ICOMOS en matière de préservation et de mise en valeur des biens et des quartiers patrimoniaux. Ces chartes ne ferment pas la porte à l’innovation, bien au contraire!

Je vous invite particulièrement à prendre connaissance de la Charte internationale pour la sauvegarde des villes historiques, dite Charte de Washington, qui se penche sur les valeurs à préserver et sur les méthodes et instruments à privilégier en ces matières.

Plus près de nous, la Ville de Montréal, en collaboration avec le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, a élaboré des cahiers de bonnes pratiques en design urbain dans lesquels sont cités des exemples internationaux qui pourraient inspirer le renouvellement de l’action publique en design urbain, qui proposent trois processus pour favoriser l’excellence en design urbain (panel, atelier et concours) et qui listent 21 projets montréalais illustrant ces bonnes pratiques.

Voilà autant d’outils qui devraient nous permettre, comme collectivité, d’avoir un esprit plus ouvert, et paradoxalement plus moderne, quant à la préservation et à la mise en valeur de notre quartier. Être ville du patrimoine mondial n’est pas qu’un argument de vente touristique. Cela implique aussi de la part de tous, élus et résidants, des devoirs de développement durable pour que notre patrimoine continue de vivre, de bien vivre, pour le bénéfice tant des générations présentes que de celles qui nous suivront.

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