2007-09-07
Jacques Joli-Cœur – brouhaha initial

Madame Boucher disparue, Jacques Joli-Coeur, conseiller municipal du district Champlain de l’arrondissement de La Cité, maire suppléant, assume désormais les plus hautes fonctions comme le veut la Charte de la Ville de Québec. Des élections auront lieu, en principe à l’intérieur d’un délai de quatre mois et d’ici là, Jacques Joli-Cœur verra aux destinées de la Ville. Il ne sera pas candidat à l’élection.

Décollage par vent de côté

Mais son entrée en fonctions a été quelque peu tumultueuse. Trois faits en particulier ont créé de l'émoi. D’abord son énoncé d’intention de modifier la composition du Comité exécutif. M. Joli-Cœur avait plutôt l’intention d’en augmenter le nombre de membres. Mais n’ayant donné aucune indication quant à la nature de ses intentions, la machine à rumeurs s’est immédiatement emballée et chacun s’est mis à supputer lequel des membres actuels serait congédié.

Puis au journaliste qui lui demandait son opinion quant au tramway, il a répondu que c’était un excellent projet qui n’était pas sur l’agenda. La machine a rumeurs a voulu y voir un redémarrage immédiat du projet de tramway et une injure à la mémoire de la mairesse.

Et enfin, le congédiement de l’attaché de presse de madame Boucher. Rapide peut-être mais qui peut contester la justesse de la décision? Si la machine à rumeurs n’avait pas déjà roulé à pleine vitesse, le congédiement n’aurait pas été assimilé à un nouvel affront à la mémoire de madame Boucher.

Et toute l’agitation ultérieure ne fut que l’action de radio-poubelles, dénoncée d’ailleurs dans Le Soleil, notamment.

De fait, le principal affront à la mémoire de la regrettée mairesse s’avère le brouhaha plus que toute intervention de M. Joli-Coeur. Elle-même aurait plutôt ri de tous ces événements, qui était élégamment capable d’autodérision.

L'intérim

Jacques Joli-Cœur est éminemment qualifié pour assumer l’intérim. Sa principale caractéristique : la vision. Depuis des décennies, cet historien voit sa ville comme une grande capitale et la planifie comme telle, autant lorsqu’il était haut fonctionnaire du Québec que maintenant, conseiller municipal. Aménagement du territoire, affectation des édifices, embellissement des places, percées visuelles, recrutement d’organisations commerciales, politiques et sociales. Et il agit.

Mais il n’agit jamais seul. Jacques Joli-Cœur est un homme qui croit que les énergies combinées des citoyens peuvent vaincre tous les obstacles, réussir les plus grands projets, à condition que chacun se prenne en mains et collabore. C’est pourquoi il place chacun face à ses propres responsabilités. Untel lui expose un problème? Jacques Joli-Coeur va lui indiquer comment pêcher, il ne lui donnera pas le poisson. Façon de faire qui lui a évidemment valu les critiques de ceux qui préfèrent qu’on leur serve le poisson sur le plat.

Il n’est pas un bon communicateur et n’aurait jamais gagné de concours oratoire. Ajoutez à ça une franchise aux antipodes des circonvolutions hypocrites et une propension à s’exprimer souvent par esquisses ou corollaires et vous voyez pourquoi il s’est fait élire non parce que bête politique mais parce que compétent. C’est un homme qui, en tant que politicien, gagne à être connu.

Car Jacques Joli-Cœur est essentiellement réaliste. Il vise haut mais ne combat jamais les moulins à vent. Lorsque la conjoncture est défavorable sans espoir de la modifier, il ne perd pas son temps à livrer une bataille perdue d’avance. Il «fait avec», il s’adapte et continue d’avancer, avec créativité et diplomatie. Diplomatie, finesse et suite dans les idées, voilà où il excelle, ayant orchestré durant des décennies les rapports entre gouvernants et hauts fonctionnaires. À l’approche du quadricentenaire de la Ville de Québec, voilà un atout considérable.

Son réalisme est aussi le fondement de son courage. Courage devant les difficultés de gouverner, courage devant les coups durs de la vie. Frappé depuis quatre ans d’une sclérose en plaques qui, lentement mais inexorablement, le prive de l’usage de ses jambes, lui jadis un infatigable marcheur, il accepte stoïquement. Il parcourt maintenant le Vieux-Québec sur sa voiturette électrique, souriant.

Informé, expérimenté, doté d’un vaste réseau de connaissances, respecté, Jacques Joli-Cœur est un homme entièrement dévoué à sa ville et à son Vieux-Québec, berceau de la civilisation française d’Amérique. Complètement désintéressé, foncièrement honnête et d’une intelligence de l’éthique, il a le sens du service public . Sans véritable charisme, il ne transportera jamais les foules par son discours mais dans les rapports directs avec les gens avec lesquels il transige, il est d’une grande efficacité.

Son intérim sera bon pour Québec. Son agenda : le succès des Fêtes de 2008, les négociations avec les syndicats, le budget et le Plan triennal d'immobilisations. Pas le tramway.

Il en a plein les bras.

Louis Germain (à titre personnel)

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