2008-05-12 – Manège militaire : la faute du fédéral

Le Manège militaire est maintenant détruit. On se pose moult questions sur son avenir mais on pourrait aussi s’en poser sur son passé. Son passé récent. Comment se fait-il que l’incendie ait pu se propager si longtemps à l’intérieur du Manège sans qu’aucune alarme ne soit activée ? Laissez dix minutes de plus à un incendie pour se développer, il est vingt fois plus difficile à éteindre et souvent, ces dix minutes de plus font que c’est trop tard. Au manège, c’est pendant beaucoup plus de dix minutes que le feu a couru librement.

Peu importe l’origine de l’incendie, c’est l’absence d’alarme dès son début qui est un scandale. Difficile de dire si on aurait pu le sauver si l’alarme avait été donnée à temps mais c’est facile de dire que l’absence d’alarme l’a condamné. Un scandale, véritablement. Pourquoi le Manège militaire était-il dépourvu de détecteurs de fumée reliés à une centrale de surveillance ? Parce qu’il y avait un veilleur sur place 24 heures sur 24 ? Non, il n’y en avait aucun.

Pas de surveillant vivant, pas de surveillance électronique. Aucune protection pour un bâtiment patrimonial séculaire, chef-d’œuvre architectural, d’un coût de remplacement énorme, fonctionnel. Rien. Proprement scandaleux. La Défense nationale doit porter tout le blâme pour cet abandon.

Une culture de négligence

Ce désastre s’inscrit dans une longue suite d’incuries de la part de gouvernement fédéral dans l’entretien de toutes ses propriétés. La courte liste qui suit n’est évidemment pas exhaustive mais elle donne le ton. Une enquête approfondie révélerait certainement une foule de négligences dont la dernière, dénoncée par la vérificatrice générale Sheila Frazer, l’état lamentable du 24 Sussex Drive à Ottawa, résidence de nos premiers ministres fédéraux, fussent-ils honnis ou adulés. La maison de 34 pièces complétée en 1869 n'a pas été rénovée depuis son acquisition par le gouvernement du Canada, à la fin des années 1940.

Courte liste, aux alentours, dans le Vieux-Québec. Allez voir l’escalier de la Porte Kent, envahi par la végétation qui en descelle les pierres et le disloque peu-à-peu.

Allez voir le muret de la propriété fédérale face au 33 Ste-Geneviève. Écroulé depuis deux mois. Malgré les avertissements qui ont été adressés au fédéral depuis deux ans. Des tréteaux protègent les passants d’une distraction pouvant les faire chuter plus bas, sur ladite propriété fédérale où se dressait jadis un laboratoire de la Défense nationale.

Le laboratoire est maintenant démoli et ses activités déménagées mais le terrain fédéral n’en est pas moins laissé à l’abandon depuis quinze ans, en attendant que le projet de parc public planifié puisse se réaliser. Parc public au pied du second mur de fortification de Québec, mur témoin de la bataille des Plaines d’Abraham, parc permettant un lien piéton entre la rue St-Louis et la rue Ste-Geneviève. Mais il ne se passe rien parce que le gouvernement fédéral se traîne les pieds, néglige, délaisse.

Souvenez vous de l’escalier d’accès au Parc des Gouverneurs, coin Ste-Geneviève et de la Porte. Durant deux ans en 2004 et 2005, cet escalier est demeuré fermé, jugé trop dangereux pour y laisser circuler résidants et touristes. Un escalier de huit marches en béton que son propriétaire, le gouvernement fédéral, ne se souciait pas d’entretenir ou de faire restaurer.

Ces quelques exemples sont glanés à quelques centaines de mètres seulement de la résidence de l’auteur de ces lignes. C’est partout pareil dans l’appareil fédéral, y compris dans l’entretien des avions de sauvetage. Incurie générale.

Ce sont ces gestionnaires insouciants, négligents, dépourvus de tout professionnalisme qui sont responsables de la perte du Manège militaire.

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