«Le mauvais cadeau au mauvais endroit !» Voilà ce que clamait en novembre dernier la coalition (dont le CCVQ était porte-parole) demandant que l’on revoie le concept du cadeau que la Banque de Montréal (BMO) voulait offrir à Québec pour son 400e.
On a revu. Aujourd’hui, la demande de la coalition est au trois quarts acceptée.
Le quart refusé, c’est que le cadeau demeure une murale. Une autre ! Et qu’elle va être installée sur Marie-Guyart. Et ce, malgré d’intéressantes alternatives, comme une sculpture de Botero, sur laquelle nous reviendrons plus loin.
Le cadeau était mauvais parce qu’on présentait le même à quatorze villes du Canada. Comme si les quatorze autres villes fêtaient aussi leur 400e. Mais voilà, le cadeau va maintenant être exclusif. On a complètement abandonné le concept de la Fresque des capitales qui célébrait les capitales des provinces et territoires du Canada en installant dans chacune d’entre elles une murale quasi identique. Ce faisant, on a aussi évité un problème politique mais ça, c’est une autre histoire… En acceptant de faire un cadeau exclusif à Québec, un «bon» cadeau, la BMO a accédé à 50% des demandes de la coalition.
Là-dessus, c’est un mi-échec. Mauvais endroit signifie qu’on ne peut barbouiller ainsi une œuvre architecturale, de surcroît avec une croûte de si mauvais goût. Or, il semble que le barbouillage sera transformé en parure. On aurait gagné ainsi à moitié sur l’autre 50%.
Ainsi donc, disparue l’arche rouge peuplée de cadres symétriques ceinturant un tableau central trompe-l’œil. Le nouveau concept de murale, moins étendu, ne couvrirait que la superficie du centre de l’ancien concept. Au lieu de maquiller tout le mur aveugle y compris son volume, la murale y serait comme suspendue, tel un gigantesque cadre.
Sur le plan architectural le premier concept constituait une hérésie, décriée publiquement par ceux parmi les architectes qui n’avaient rien à perdre en critiquant la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ), condamnée privément par tous les autres. Il semblerait selon nos sources que le nouveau concept aurait reçu l’assentiment, mais sans enthousiasme, de l’architecte Gilles Guité, un des concepteurs de Marie-Guyart, avec Jean-Marie Roy.
Ce n’est pas qu’on n’aurait pas pu faire autrement. On a notamment suggéré à la CCNQ et la BMO l’achat d’une sculpture de Botero à installer à l’extérieur, devant le Musée national des Beaux-Arts. Botero, au courant, aurait bien apprécié. Comme aussi les millions de visiteurs qui pénétreront au Musée au cours des trente prochaines années. Mais bon…
Le ministère des Affaires culturelles n’a pas voulu utiliser son pouvoir pour écarter la murale du périmètre de protection de la chapelle du Bon-Pasteur. La Ville de Québec n’a pas voulu saisir sa Commission d’urbanisme du projet. Le maire Labeaume a décidé de ne plus se battre pour ça même si au départ, personne de la Ville n’en voulait. L’ordre des architectes a baissé les bras. On n’a pas voulu humilier le président de la BMO qui était venu à Québec annoncer le cadeau en grande pompe avec le ministre Couillard. Déjà que le concept original avait pris le bord...
C’est ce qui s’appelle abandonner, de guerre lasse. Et d’ailleurs, tout ça s’est discuté en vase clos.
On n’a toujours rien annoncé du nouveau cadeau. Et on n'a rien vu du nouveau projet. Mais il y a quelques jours, les échafaudages ont commencé à grimper au pied du mur de Marie-Guyart. Reste à voir le concept graphique et à surveiller la dimension du «cadre». Il est encore temps de confiner cette murale à un espace esthétiquement raisonnable. En espérant qu’en tant qu'œuvre, elle soit belle.
Merci quand même, BMO. Le cafouillage, c’est pas votre faute.