2010-08-31 – Mais qui donc veut une course ?

Qui veut ça ? André Azzi et Alexandre Tagliani, ce dernier plutôt bien connu dans les cercles sportifs québécois (et ailleurs). Ils sont, avec un troisième larron, à la tête de Fazzt Race Team, entreprise qui, en plus de faire courir sa voiture dans la série Indy Car, cherche à organiser une course dans les rues du Vieux-Québec. Eh ! Hé !

La série Indy Car ? Vite dit pour les profanes, la Formule 1 c’est du grand cru, la Indy Car c’est du vin de table. Autrement dit, des voitures style cigare flanqué de quatre roues comme les Formule 1 mais qui coûtent six fois moins cher. Ça va pas aussi vite mais ça fait autant de bruit. Belles voitures quand même.

Qui voudrait ça ?

Le ministre Sam Hamad voudrait peut-être ça. En tous cas, Azzi pousse fort. Quand MursMurs a entendu parler de cette course pour la première fois (on s’est tenu coi), il était question de la tenir sur le boulevard Champlain. C’est ce que monsieur Hamad a proposé à Azzi.

Mais le boulevard Champlain ne ferait pas l’affaire. Pas la bonne configuration pour une course intéressante. On n’a pas de difficulté à le croire. Solution de rechange ? Le Vieux-Québec ! Azzi, aurait déclaré que les autorités Indy Car avaient été séduites par… le Red Bull Crashed Ice dans la côte de la Montagne et par le spectacle de McCartney sur les Plaines.

Et hop ! Vivement la course dans les rues du Vieux-Québec ! Sam Hamad ne dit pas non, il attend le plan d’affaires de Fazzt. En attendant, Fazzt va procéder à des tests dans… la côte de la Montagne, question de savoir si les bolides vont y perdre pied.

Qui ne voudrait pas ça ?

À peu près tout le monde du Vieux-Québec, commerçants comme résidants. Pourquoi ? Parce que ça n’apporte rien au commerçants et que ça dérange tout le monde. Et parce que trop, c’est trop !

Mais pourtant, Monaco tient son Grand Prix de Formule 1 à tous les ans depuis 1929 et personne ne se plaint, nous sert-on abondamment. Ah oui ? MursMurs s’est rendu à Monaco pour vérifier ça.

La principale différence entre Québec et Monaco, c’est que l’une est une ville normale et que l’autre est un des haut lieux de la finance, de la richesse et du jetset. À Monaco, les résidants riverains du circuit ont deux, trois ou quatre résidences un peu partout sur la planète et foutent le camp à chaque Grand Prix. En prime, ils louent leur appartement entre 20K$ et 50K$ pour la durée du GP. Faut avouer que la consolation des inconvénients est aisée. Mettons que dans le Vieux-Québec, la situation est différente.

La réputation du GP de Monaco est mondiale . Chaque année, des milliers de richissimes s’y agglutinent pour le GP et y laissent des millions d’euros. Les yachts de 30 à 50 mètres s’entassent dans la marina. La réputation d’une course Indy, si on fait exception pour la course d’Indianapolis, est bien pauvre. Québec n’attirera pas les foules qui fréquentent le GP de Montréal.

Et d’ailleurs, qui profite du GP de Montréal ?

Les hôtels, les restaurants du centre ville et surtout, les commerçants de la rue Crescent. Aucun n’a à subir les inconvénients de la course, celle-ci se déroulant à l’Île Notre-Dame. Dans le Vieux-Québec, les commerçants auraient tous les inconvénients et bien peu d’avantages. Parlez-en aux commerçants des environs du Red Bull. Plein de problèmes, bien peu de clients.

Or le Red Bull, ce n’est que dans la côte de la Montagne, Place Royale et Place de Paris. La course Indy, c’est bien plus envahissant que ça. Si on la fait passer dans la côte de la Montagne, c’est qu’elle va passer bien ailleurs dans le Vieux-Québec.

Deux jours seulement !

Azzi a déclaré à TVA que ça ne dure que deux heures de qualification et cinq heures de course le lendemain. Même affirmation que ceux qui se demandent pourquoi les riverains du Red Bull se plaignent. «Ça dure deux jours», clament-ils dans la plus complète ignorance. Jusqu’à cette année, le Red Bull, c’était cinq semaines et demie d’installation/désinstallation. Cette année, un peu plus de trois semaines.

Mais Azzi, lui, ne peut plaider l’ignorance. La course Indy, c’est au moins trois semaines de préparatifs. Et ça, il le sait fort bien. À Monaco, on repave 50% du circuit à chaque année. Une voiture de course, ça exige une surface très lisse. À Québec, il faudrait adoucir la surface d’une bonne partie du circuit projeté, très certainement. Puis il faudrait installer les stations électriques, les lignes de communication, les postes de signaleurs, les équipements de la ligne de départ, les puits, les stations de caméras de télévision, les estrades, les barrières de sécurité, alouette. Trois semaines au minimum, en étant optimiste.

Imaginez les plans de circulation intérimaires, les interdictions de circuler temporaires, le brouhaha des travaux, etc. Tout ça pour une visibilité à la télévision ? Quel public allons nous rejoindre ? Vont-ils visiter Québec pour autant ? Et s’ils viennent, vont-ils être les touristes que l’on veut, discrets, installés pour deux ou trois nuitées, qui dépensent dans les bons magasins et les bons restaurants au lieu de faire trois petits tours, laisser 60$ dans les magasins de T-Shirt et les restaurants pour touristes et puis s’en vont ?

Monsieur Azzi serait mieux de consulter les gens du milieu avant de dépenser trop d’énergie sur son projet.

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