2010-09-06 – L’ado boutonneux

La première fois qu’on fait quelque chose, d’habitude, on est moins bon que les suivantes. Le Grand Prix Cycliste qui se déroulera vendredi prochain, le 10, à Québec, ne fait pas exception. Événement intéressant, important, mais juvénile et qui souffre abondamment d’acné.

La fleur d’abord

Belle compétition sportive. Performances athlétiques impressionnantes garanties. Du sport véritable. On est dans la rue, pas dans un stade. Contact direct entre spectateurs et compétiteurs. L’émotion palpable, comme les media l’aiment. Décor magnifique. Belle pub pour Québec. Bravo !

Le pot

C’est pas le moment de faire la nomenclature complète des inconvénients. On fera ça au moment du bilan. Mais le fait de tenir la course un vendredi, lorsque tout le monde travaille, va à l’école ou se rend à autres affaires, c’est une emmerde de taille.

Pour s’en convaincre, suffit de jeter un coup d’œil sur la carte du circuit et de constater les problèmes que vont rencontrer – un exemple parmi bien d’autres – les deux cent personnes qui doivent se rendre au Cercle de la Garnison à 17h ce jour-là pour un événement spécial (nous ne dirons pas qui c’est). Aucun accès au stationnement du Cercle. Ils doivent laisser leur voiture ailleurs, cherchez où. Ils doivent quitter leur taxi, ou l’autobus, à la Fontaine de Tourny, au mieux, et faire le reste à pied. Et s’il pleut, c’est platte. Or, on annonce de la pluie pour vendredi…

Passer cinq minutes à contempler la carte du circuit en méditant sur les enclaves résultantes et les points de traverse permis, ça suffit pour convaincre que pour les 12 000 personnes qui se rendent dans le Vieux-Québec chaque jour pour travail, études ou affaires, le Grand Prix constitue un problème de taille. Pour tout savoir sur les restrictions sur la circulation et le stationnement, voyez cette page du site Internet de la Ville.

Pour les résidants, sortir de leur quartier et y revenir à pied peut s’avérer un exercice de marche assez long. À moins de sauter par-dessus les barrières au lieu de se rendre à la prochaine traverse. Sortir en voiture peut être carrément impossible, selon l’endroit où on vit, et si on réussit à sortir, revenir peut signifier un détour long et compliqué.

Les commerçants sont soumis aux même problèmes d’accès que tous les travailleurs avec ceci de particulier que leurs livraisons vont être très perturbées sinon carrément interdites. Quant à leurs clients, difficile à dire. Ils pourraient être plus nombreux, ou moins. Mais généralement, dans ce genre d’événements, les gens magasinent peu. Ils participent à la fête plutôt.

Et si on a besoin d’une ambulance ou si le feu prend sur la rue Christie, ça va pas être simple. Mais d’habitude, la Ville planifie bien ça…

L’acné, ça disparaît

Ce qui manque à ce Grand Prix Cycliste, c’est la maturité . Événement intéressant, disions-nous. Mais pour qu’il ne joue pas sur les nerfs de ses proches, comme un adolescent rebelle, il faudra qu’il passe l’âge des boutons.

Pour ça, il devra être institutionnalisé. Donc, on décide un an d’avance au moins et on l’annonce très bien. Ça se passe en fin de semaine. Tout le monde le sait et s’organise en conséquence. Les plans de circulation, les voies de contournement, les points d’accès, les privilèges aux résidants et aux commerçants, les dédommagements au besoin, etc. tout ça est décidé de concert avec les principaux intéressés.

Il y a de bonnes chances que, pour le bien général résultant de l’éventuelle tenue du Grand Prix Cycliste au cours des prochaines années, les résidants et commerçants aient à mettre de l’eau dans leur vin. Mais il faut que ce soit du vin, pas du Pepsi. Et pour ça, ils doivent participer à la concoction de la recette.

Bécane vs Bagnole

Une course de vélos, c’est gros mais ça peut être proportionné à un quartier historique patrimonial à condition qu’elle soit conduite à maturité en complète collaboration avec les résidants, les commerçants et les institutions du milieu.

Une course de voitures, c’est hors de proportion avec un tel quartier. Désolé.

Le Grand Prix Cycliste de Québec, c’est un jeune ado boutonneux qu’il faut éduquer tous ensemble pour en faire un jeune premier.

La recette pour le bon vin

La recette, elle est écrite dans le Plan directeur du Vieux-Québec, adopté par la Ville en 2007. Allez voir à la page 10 du document. Orientation 9.1.A Élaborer une politique d'encadrement des grands événements pour l'arrondissement de La Cité. Ça fait trois ans que c’est décidé. Quand est-ce qu’on commence ?

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