Le CCVQ a depuis le début été favorable au projet d’agrandissement de l’Hôtel-Dieu à l’intérieur du Vieux-Québec. Pourquoi ?
C’est qu’on avait le choix entre l’agrandissement de l’hôpital ou sa disparition, tout simplement. Entre les deux, le choix n’était pas trop difficile.
Le départ signifiait le départ du premier hôpital en Amérique du Nord, une blessure historique. Il signifiait la fin de la vocation hospitalière des immeubles, une blessure patrimoniale. Il signifiait la mise en jachère de tout un secteur du Vieux-Québec, une blessure immobilière, urbanistique et sociale.
C’est différent parce qu’avec la création récente du CHU par la fusion du CHUQ et du CHA, une nouvelle dynamique de collaboration s’est installée dans le milieu hospitalier de Québec, rendant possible le regroupement en un seul lieu de diverses spécialités auparavant sous l’égide d’organisations distinctes et forcément un peu… concurrentes.
En 2005, installer l’oncologie à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus était tout simplement impensable. Personne n’y pensait d’ailleurs. Quand il était question d’une solution alternative à l’agrandissement de l’Hôtel-Dieu, on imaginait un tout nouvel hôpital. On ne pensait pas à agrandir l’Enfant-Jésus.
Aujourd’hui, la Première ministre Pauline Marois annonçait un changement de cap.
Le nouveau projet, c’est conserver l’Hôtel-Dieu dans le Vieux-Québec mais en le réduisant au lieu de l’agrandir.
On le réduit en transportant toute la médecine de pointe à l’Enfant-Jésus, l’oncologie au premier chef.
Alors le projet est acceptable. Acceptable parce que :
Mais tout ça, c’est un projet, un projet parallèle à celui d’agrandissement dans le Vieux-Québec. La préférence du Conseil du CHU et du Ministère de la Santé, c’est l’Enfant-Jésus. La décision finale viendra fin juin, suite au dépôt de l’étude commandée par le gouvernement à l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale.
On s’attend à une décision favorable à l’Enfant-Jésus. Le CCVQ n’a aucune opinion sur l’aspect médical de la question, et pour cause.
Le CCVQ appuiera toute décision mais avec une préférence, clairement, pour l’Enfant-Jésus. Car bien qu’il soit essentiel que le premier hôpital d’Amérique du nord demeure sur son site d’origine, il ne faut pas qu’il devienne tentaculaire, qu’il envahisse son milieu.
Ce que l’agrandissement risque de faire. Si ce n’est par l’actuel projet ce sera par le prochain, dans vingt ans, trente ans, alors qu’une société dont la longévité – et le bonheur ? – reposera de plus en plus sur la technologie exigera un autre gonflement de son système de santé et de son centre d’excellence en oncologie.
Alors le CCVQ est confiant que la meilleure décision soit prise. Mais il demeure prudent. L’exécution doit être à la hauteur des attentes crées par les annonces.
L’Hôtel-Dieu doit demeurer un vrai hôpital, pas un CLSC. L’apport économique des nouveaux travailleurs doit être au minimum égal à celui des partants. Tous les édifices doivent être réaffectés.
Le CHUQ a mis sur pied un Comité d’évaluation patrimoniale qui se penche depuis un certain temps sur l’inclusion la plus harmonieuse possible d’un méga-Hôtel-Dieu dans le Vieux-Québec, comité dont le CCVQ fait partie.
Ce comité s’appuie sur les valeurs patrimoniales définies par l’UNESCO, par Patrimoine Canada et par le Ministère de la culture du Québec. Il travaille minutieusement et intensément.
Il est certain que si le projet d’agrandissement de l’Hôtel-Dieu devait se réaliser, des efforts judicieux et compétents permettraient d’éviter la balafre patrimoniale redoutée par plusieurs. Et ce projet serait aussi l’occasion de restaurer une partie des fortifications dans le secteur côte-du-Palais.
Et si la solution Enfant-Jésus était retenue, les travaux du comité seront essentiels pour l’harmonisation patrimoniale des bâtiments actuels, qui seront certainement l’objet d’importantes modifications.
Depuis les fusions municipales réussies à Québec, nombreux sont ceux qui notent l’élan que ces fusions ont favorisé, grâce à la concertation et la collaboration nouvelles qui ont remplacé les anciennes rivalités.
On peut se permettre de faire un parallèle avec la fusion du CHUQ et du CHA qui aujourd’hui, permet d’envisager une meilleure organisation hospitalière et urbaine.
On avance.