|
RECOMMANDATIONS CONCERNANT L’INSTALLATION DE BARRIÈRES DE RÉTENTION DE LA NEIGE ET DE LA GLACE SUR LE TOIT DE CERTAINS BÂTIMENTS t
LE COMITÉ DES CITOYENS DU
VIEUX-QUÉBEC AVRIL 1998 1.
CONTEXTE Entrée
en vigueur du règlement numéro 4361 Une
lettre, datée du 7 août dernier, provenant
de la Division des permis et programmes de la Ville de Québec a été
transmise aux propriétaires pouvant être touchés par la mesure en cause.
Cette lettre indique que la ville a modifié, le 18 juillet 1995, le règlement
VQZ-3 en vue de la mise en vigueur du règlement 4361.
Ce règlement stipule ce qui suit : Tout
bâtiment, dont la projection au sol d’une bordure de son toit est située
à moins de 3 mètres de la ligne de rue et dont la pente est inclinée vers
une voie publique, doit être muni, sur toute la longueur de la partie du toit
inclinée vers la voie publique, des éléments suivants : (1) d’un système
d’arrêt-glace empêchant la chute de neige ou de glace sur le trottoir;
(2) de gouttières reliées à des dalots... etc.. Cette
lettre indique aussi que les correctifs mentionnés doivent être apportés
avant le 18 juillet 1998, qui constitue la date limite fixée par le règlement.
Réactions de certains membres et
consultation par le CCVQ
Très
rapidement, un certain nombre de propriétaires ont protesté en s’adressant
au Service des plaintes de la ville ou directement auprès de M. André
Marier, conseiller du quartier. Quelques
membres du CCVQ ont suggéré que celui-ci coordonne une réaction plus «officielle».
Dans ce contexte, on doit mentionner aussi que M. Marier a suggéré à
quelques reprises à différents membres du Conseil d’administration du CCVQ
qu’on lui transmette une proposition qui pourrait être considérée
favorablement par l’administration de la ville. Par
son bulletin mensuel du 15 janvier 1998 (MiniMot),
le CCVQ a cru bon de procéder auprès de ses membres à un «sondage-maison»
sur cette question. On a aussitôt
obtenu la réaction d’une vingtaine de propriétaires du Vieux-Québec, dont
celles d’un bon nombre d’architectes qui résident dans le quartier.
Certains d’entre eux ont même offert spontanément leurs services en
vue de formuler une proposition pertinente.[1] Ces
réactions ont permis de dégager divers arguments qui vont à l’encontre de
la mesure envisagée ainsi que quelques suggestions qui permettraient d’en
moduler l’application, à la satisfaction des personnes directement concernées. 2. PROBLÉMATIQUE ET
IMPACTS DE LA MESURE
On
peut comprendre et accepter le but premier de la mesure envisagée, soit de
protéger les piétons et les automobilistes d’une éventuelle chute de
neige ou de glace provenant de toits inclinés vers la voie publique.
Mais cette mesure présente l’inconvénient de proposer une solution
unique s’appliquant à des situations tellement diverses que l’on est en
bon droit de s’interroger sur sa pertinence et sur son efficacité dans bon
nombre de cas, si ce n’est dans la majorité des cas. Plusieurs
facteurs peuvent entrer en ligne de compte lorsque l’on veut évaluer
l’efficacité d’une
telle mesure : n
La forme et les types de toits, c’est-à-dire la pente, la présence ou non de lucarnes et leur
positionnement. n L’âge et l’état
des matériaux. Un toit
rouillé dont la surface est parsemée de clous ajoutés pour le consolider ne
se dégage pas aussi bien qu’un toit neuf. n L’isolation du bâtiment
et la ventilation du toit ou de l’entretoit.
Un bâtiment mal isolé entraîne, par déperdition de chaleur, la
formation de plages de glace à la base du toit ou dans certaines encoignures
entre les lucarnes ou à la jonction de certaines parties du toit.
Par contre, un bâtiment dûment isolé et muni d’un toit adéquatement
ventilé à la base et au faîte de façon à garder celui-ci à la température
de l’air extérieur ambiant, ne provoque pas d’accumulation de neige et
encore moins de glace, puisqu’un tel toit dégage rapidement et facilement
à chaque bordée de neige. n Le comportement
des propriétaires est aussi en cause, quel que soit l’état de leur
toit. Certains propriétaires,
par exemple d’une maison d’un seul étage, procèdent systématiquement au
déneigement de la toiture après chaque bordée de neige et ce, avant même
que les services municipaux ne déneigent les rues.
D’autres propriétaires de bâtiments plus élevés font aussi
effectuer un déneigement régulier en ayant recours à des «déneigeurs
professionnels».
Il en est évidemment un certain nombre qui restent négligents à cet
égard. Compte
tenu des facteurs énumérés ci-haut et par sa nature même, la mesure
envisagée présente aussi des inconvénients
majeurs : n
Coûts
de l’installation ainsi que ceux des déneigements et déglaçages subséquents
qu’elle implique. Au
bas mot, une telle installation représente au départ un coût de quelques
milliers de dollars, selon les dimensions du toit.
Par ailleurs, puisque ce dispositif remplit relativement bien sa
fonction, il retient la neige qui, figée sur place et affectée par les
pertes de chaleur provenant d’un bâtiment mal isolé et dont la toiture
n’est pas correctement ventilée, se transforme en digues de glace. D’où
évidemment la nécessité de procéder à quatre ou cinq opérations de déneigement
et de déglaçage par année, au coût de quelque 100 $ chacune.
Ces opérations entraîneront aussi à plus ou moins long terme
d’autres coûts supplémentaires, car le martèlement du toit qu’exigent
les opérations de déneigement et de déglaçage provoquent une détérioration
plus rapide de celui-ci.
n Défauts fonctionnels inhérents
au type d’installation proposée. D’une
part, la pression exercée par la glace accumulée contre les barrières en
affaiblit les attaches, abîmant les tôles des toits, ce qui cause des
infiltrations. Par ailleurs,
comme on l’a mentionné plus haut, le système considéré entraîne
fatalement la formation dans la partie basse de la toiture de digues de glace
plus importantes que si la barrière ne s’y trouvait pas; car celle-ci
retient de fortes quantités de neige qui autrement seraient balayées par le
vent. Même avec une barrière, à moins que l’on ne procède régulièrement
à un déglaçage, tôt ou tard au moindre dégel, on assiste à la chute de
glaçons et de masses de glace de tailles relativement importantes. Ou, résultat
tout aussi néfaste, pour le propriétaire cette fois, quand la glace retenue
par la barrière fond, il arrive que l’eau remonte sous les tôles pour y
geler et les soulever au gel suivant. Après
quelques gels et dégels successifs, l’eau finit par remonter plus haut sous
les tôles et s’infiltrer dans la toiture.
Ces infiltrations provoquent
une dégradation accélérée de la charpente, de la toiture et de la
couverture. n Impacts esthétiques.
Il s’agit là bien sûr d’une question d’opinion et de goût.
Il reste cependant que l’installation de «clôtures à neiges» en
bordure des toits n’améliore en rien leur apparence.
Quelle que soit l’ingéniosité dont fait preuve une telle pratique,
elle ne peut que contribuer à dégrader le patrimoine architectural du
Vieux-Québec. Encore une fois,
on normalise le correctif d’une malfaçon et on en généralise
l’application. On se souviendra
qu’à partir du début du siècle, alors que la Ville a rendu les propriétaires
responsables des chutes de neige et de glace, la plupart d’entre eux ont
exhaussé leur toit, modifiant ainsi radicalement le paysage architectural du
Vieux-Québec. Les toitures à
versants ou les toits brisés qui restent sont rares et, dans quelques cas,
ils s’agit du résultat de restaurations importantes et coûteuses. Il faudrait conserver ces toits sans trop d’ajouts. En
somme, la mesure envisagée, c’est-à-dire l’installation de barrières
visant à retenir la glace et la neige sur les toits, ne constitue une
solution appropriée que dans de très rares cas.
Sans caricaturer, on peut affirmer que cette mesure ne
constitue qu’un piètre palliatif
de dernier recours dans le cas de bâtiments mal isolés et dont la
toiture n’est pas ventilée; et, surtout, dont le propriétaire néglige
l’entretien et le déneigement. On
ne devrait retenir une telle mesure que dans certains cas où, à défaut de
ne pouvoir procéder à l’isolation et à la ventilation de la toiture, il
pourrait s’avérer pertinent et plus économique d’utiliser un système de
rétention de la neige et des glaces; par exemple, lors de la réfection complète
d’un toit et compte tenu des caractéristiques de ce toit. Il est pour le
moins inconvenant d’imposer à des propriétaires qui ont investi pour la réfection
de leur toit ou pour l’isolation et la ventilation de leur toiture une
mesure qui, à coup sûr, réduit à néant leurs efforts, tout en leur
imposant des dépenses supplémentaires importantes et inutiles.
3.
UNE GAMME DE SOLUTIONS ENVISAGEABLES
En
s’inspirant de ce qui se fait ailleurs et en se basant sur le sens pratique
et l’expérience de quelques personnes sensibles à ce genre de questions,
on peut élargir la gamme des solutions envisageables.
En tenant compte des particularités de chaque bâtiment, on pourrait
appliquer une ou l’autre de ces mesures ou une combinaison de
certaines d’entre elles. On
pourrait envisager des mesures comme les suivantes : -
réfection du toit; -
isolation du grenier; -
ventilation du toit à la base et au faîte, au moment de la réfection
du toit ou comme mesure particulière de correction; -
installation de fils chauffants; -
déneigement régulier; -
développement et expérimentation, par exemple avec l’aide du CRIQ,
de divers types de barrières :
par exemple des barrières pouvant être fixées entre les lucarnes tout en
restant amovibles pour faciliter
le déneigement et le déglaçage; -
installation d’une simple barre plate de métal fixée à plat par
soudure ou par vis et placée, comme la barrière, dans l’axe du dalot et le
surplombant.[2] RECOMMANDATIONS (adoptées par le Conseil d’administration du CCVQ à sa réunion
tenue à Québec le 7 avril 1998) En
ce qui concerne la sécurité des piétons et des automobilistes à l’égard
de la glace et de la neige qui est susceptible de tomber des toits inclinés
vers les trottoirs ou vers la voie publique, le CCVQ recommande à la Ville de
Québec d’adopter l’ensemble des solutions suivantes et de modifier son règlement
4361 en conséquence : 1.
Appliquer (ou réactiver) les mesures que la Ville utilisait dans le
passé et qui consistaient à donner un avertissement aux propriétaires en défaut
et en leur faisant payer une amende ainsi que le coût d’un éventuel déneigement. 2.
Élargir la portée du Programme
d’aide à la restauration des bâtiments traditonnels du Vieux-Québec (Maître
d’oeuvre) en y incluant les travaux relatifs à l’isolation et à la
ventilation des toitures; ainsi que, évidemment, l’installation de barrières
de rétention de la neige et de la glace dans les cas où une telle mesure
serait requise. 3.
Pendant un hiver, réaliser un suivi de la situation en se
basant sur quelques cas-types (ou, encore, en utilisant divers prototypes de
barrières) afin de constater
l’état d’enneigement, la présence et la localisation de la glace, la
situation des versants selon les chutes de neige, les temps de décharge, les
volumes en cause ainsi que les points de chute, etc..
Sur la base d’un tel suivi, établir une classification des bâtiments
selon le type de problèmes qu’ils présentent s’il en est et, par conséquent
aussi , selon le type de solutions qui pourrait leur être applicable. 4.
Fournir par la suite aux propriétaires concernés l’information et
les conseils techniques pertinents à propos de la ou des solution(s)
envisageable(s) dans leur cas. * * * Collaborateurs bénévoles
: -
Mme Anne Côté, architecte et propriétaire -
M. Francis Fortin, architecte et propriétaire -
M. Louis Germain, propriétaire -
M. André Jardon, architecte à la retraite et propriétaire -
M. Jacques Lamarche, propriétaire -
M. Pierre Maranda, propriétaire -
M. Luc Noppen, historien de l’architecture et propriétaire -
M. Robert Robert, urbaniste à la retraite et propriétaire, membre du
Conseil d’administration du CCVQ. Celui-ci
a agi comme secrétaire et coordonnateur du groupe. * |