Benoît Bossé
Lors de la révision du Plan directeur du Vieux-Québec, la Ville a délibérément choisi d’exclure le secteur de la colline Parlementaire du territoire d’application de ce plan. Ce secteur névralgique se situe, rappelons-le, à la conjonction des districts électoraux Samuel-de-Champlain (le Vieux-Québec), de Saint-Jean-Baptiste et de Montcalm.
Qu’est-ce qu’un programme particulier d’urbanisme (PPU) ? Le PPU est une composante du plan d’urbanisme. Alors que le plan d’urbanisme réfère à la planification de l’ensemble du territoire municipal, le PPU permet d’apporter plus de précisions quant à la planification de certains secteurs qui suscitent une attention toute particulière de la part du conseil municipal.
Le 23 mai 2009, la Ville de Québec tiendra un forum de discussion sur un projet de PPU pour la colline Parlementaire qu’elle entend adopter au courant de 2010. Ce document contiendra notamment une vision commune qui encadrera les grandes orientations d’aménagement et de développement du secteur. Il précisera également les usages, les hauteurs, la volumétrie et les considérations stylistiques des bâtiments à venir; la vocation, la typologie et l’aménagement des espaces publics viaires et d’agrément; et enfin, les règles d’urbanisme.
Ce PPU devra respecter les orientations déjà adoptées et contenues dans les plans directeurs des trois quartiers touchés. À cet égard, l’exercice de révision et l’adoption récente du Plan directeur du Vieux-Québec constituent donc une police d’assurance sur ce que pourra éventuellement prévoir ce PPU.
Les documents présentés sur le site Internet municipal brossent un tableau complet des intentions de la Ville pour la colline Parlementaire. La grande majorité de celles-ci concourent à l’atteinte des orientations et des objectifs de notre Plan directeur, que ce soit au niveau de la protection du patrimoine, de l’accroissement de la fonction résidentielle et du nombre de commerces de services aux résidants, de l’amélioration des axes de circulation au bénéfice des piétons, etc.
Ainsi, le PPU s’attardera au développement de l’îlot Dauphine, soit les terrains situés à l’angle d’Honoré-Mercier. Il proposera également des mesures pour améliorer les parcours piétonniers, notamment de la Place D’Youville vers le Parc des Champs-de-Bataille, en passant par l’escalier des Glacis, le secteur des Glacis et la Place de l’Assemblée-Nationale.
Toutefois, trois éléments soulèveront probablement bien des passions : le site du manège militaire et la Place George-V, la densification en hauteur du secteur et l’aménagement de l’îlot Saint-Vincent-de-Paul.
La Ville souhaite transformer la Place George-V de parc vert à espace pavé pour pouvoir y tenir des spectacles de moyenne envergure. Outre le fait non négligeable qu’il s’agit là d’un territoire fédéral, l’implantation d’une autre scène de spectacles au centre-ville laisse perplexe avec tout ce que cela peut engendrer comme inconvénients pour les résidants. De même, la Ville souhaite profiter de la reconstruction du manège pour y aménager un nouveau lien, une porte d’entrée sur les Plaines. Il est difficile à ce stade de voir comment cela pourrait être possible, tant au niveau de l’aspect politique des choses, que de l’architecture même de la façade existante et du bâtiment en devenir qui lui succédera.
Par ailleurs, la volonté des autorités municipales de densifier le secteur correspond bien à son caractère urbain de centre-ville. Cependant, bien des écueils devront être évités. D’abord, densification rime avec circulation plus dense. L’administration Labeaume devra expliquer comment elle entend concilier cette densification avec sa décision de fermer la porte à un système de tramway. Si efficace soit-il, un système d’autobus conventionnel aura toujours de la difficulté à concurrencer l’automobile en termes de confort et de rapidité.
Enfin, la Ville ne remet pas en question le projet d’hôtel sur l’îlot Saint-Vincent-de-Paul, mais annonce son intention de proposer des balises concernant la protection des percées visuelles vers les Laurentides, l’intégration de la façade encore debout et la volumétrie du bâtiment projeté.
Voilà tout un programme ! Malheureusement, la Ville laisse peu de temps à ses citoyens pour réagir – les mémoires doivent être déposés au plus tard le 15 juin – et annonce d’emblée, par la voix du conseiller Picard, qu’elle ne se sentira pas liée par les recommandations que ceux-ci pourront proposer !