L’hôtellerie illégale fait jaser et c’est tant mieux. Le plus récent tapage, cet article du MédiaMatin de ce matin, sous la plume d’Alain Bergeron. Comme il le dit, c’est «tellement tentant de louer». Évidemment ! C’est si facile à faire et c’est payant en plus.
Alors que faire ? Sommes-nous au fond d’un gouffre ? Oui, nous sommes au fond. Et c’est précisément ce qui est encourageant. Rendu au fond, impossible tomber plus bas et quand on regarde en haut, on voit le ciel.
L’hôtellerie illégale, c’est une plaie qui afflige les résidants, les commerçants et les bâtiments du Vieux-Québec depuis des décennies. C’est la chute. Mais depuis peu, on sait qu’on a touché le fond. Pourquoi ? Parce qu’enfin, la Ville est animée par la volonté d’agir, volonté insufflée au départ par Jacques Joli-Cœur et tout récemment confirmée par Régis Labeaume.
Deux comités sont sur pied pour attaquer le problème. Un premier, interne à l’administration municipale, regroupe des gens de différents services dont Aménagement du territoire (Gestion du territoire de l’Arrondissement de La Cité) et Affaires juridiques. Un second, dit «externe», réunit des gens de la Ville et de différentes administrations et organisations intéressées à cette lutte, dont le CCVQ, l’Association hôtelière de la région de Québec et bientôt, le Conseil de quartier. Et il y en a d’autres…
Alors, le ciel est en vue. Gravir les parois du gouffre va prendre un peu de temps et il manque encore plusieurs outils d’escalade. Mais les deux comités sont en train de forger ces outils manquants. Les illégaux n’auront qu’à bien se tenir.
Un des grands problèmes, c’est l’ignorance des règlements de la part de deux des catégories de fautifs, les résidants et les non-résidants. Bon nombre de ceux-ci louent leur appartement à des touristes sans même savoir que c’est illégal de le faire sans permis et que c’est doublement illégal de le faire en zone résidentielle.
Et ce n’est pas Immeubles Charlevoix qui va les renseigner sur le zonage et les exigences de permis.
Actuellement, on ne retrouve à Québec pratiquement que des hôtels et des couette et café (bed and breakfast). Les résidences de touristes sont très rares et ne sont permises que dans les zones où l’hôtellerie l’est également. Elle seront peut-être autorisées éventuellement dans les zones résidentielles, selon la version finale du règlement de zonage actuellement à l’étude. Une résidence de touriste, c’est un appartement complet, avec cuisine et chambre de bain privées.
Le condo que Radio-Canada et Le Soleil offraient en concours, illégalement sans le savoir, entre dans la catégorie «résidence de touriste». Ils avaient été induits en erreur par leur partenaire, la société Immeubles Charlevoix qui, questionnée lorsque le pot-au-rose fut découvert, a prétendu qu’il s’agissait d’un couette et café, voulant couvrir le fait qu’il était situé en zone résidentielle. Or, par définition, un couette et café c’est une maison privée que son propriétaire habite et qu’il partage avec ses hôtes. Autrement dit, locateur et loueur de chambre vivent ensemble dans la même maison. On est loin du condo privé.
Alors, ne vous découragez pas, résidants et hôteliers légaux, regardez vers le ciel. Nous n’éliminerons jamais complètement l’hôtellerie illégale, pas plus que la pauvreté, mais nous allons désormais la combattre beaucoup plus efficacement. Le Soleil et MediaMatin auront de belles histoires à raconter sur le sujet au cours des deux ou trois prochaines années.