Finalement, le site des Forts et Château St-Louis, sous la terrasse Dufferin, condamné à disparaître sous le sable, ne sera pas enseveli l’été prochain. Beau revirement de situation car c’est ce qui était prévu, au début des recherches archéologiques, en 2005, pour le préserver des gels de l’hiver une fois les travaux terminés.
Mais grâce à la persévérance et au savoir-faire politico-administratif de l’équipe de Parcs Canada, on va plutôt étendre un toit au dessus des vestiges exhumés de l’ancienne résidence des gouverneurs. Et ce n’est que la première étape. On espère, dans une seconde étape dont l’échéance est aussi lointaine qu’incertaine, rendre à nouveau la visite des lieux aussi facile et intéressante qu’elle l’est actuellement.
Parce que lorsque le toit sera construit, la visite des vestiges du Château St-Louis, ce sera terminé tant que la seconde étape ne sera pas franchie. C’est que le plancher de la terrasse Dufferin sera reconstruit par dessus et c’est lui qui jouera au protecteur des vestiges. La seconde étape espérée, c’est l’aménagement d’un circuit de visite sous la terrasse. Ça suppose une entrée, une sortie, des toilettes, de la lumière, alouette. Quelques sous, quoi, que les gens de Parcs Canada devront convaincre Ottawa de leur accorder.
En attendant ce jour, on aménagera dans le plancher/toit quelques fenêtres archéoscopiques qui permettront à tous de jeter un furtif coup d’œil sur les fondations de ce qui fut longtemps le siège du pouvoir en ce pays.
Et coups d’œil furtifs il y aura en quantité. Deux millions et demi de visiteurs vadrouillent sur la terrasse, chaque année. De ceux-là, trois cent mille ont visité les vestiges en 2008. Près de deux cent mille en 2009.
C’est donc la terrasse Dufferin qui recevra la majeure portion des 16M$ que le Gouvernement fédéral a annoncé, le 14 janvier dernier, au profit de l’arrondissement historique du Vieux-Québec. Les autres lieux qui recevront ce baume sur leurs plaies : le parc Montmorency, le Jardin des gouverneurs et les trois portes, St-Louis, Kent et St-Jean.
À ne pas confondre avec le parc de la chute Montmorency, comme l’ont fait quelques pauvres journalistes au lendemain de l’annonce du 14 janvier. Évidemment tous les gens et amis du Vieux-Québec savent qu’il s’agit du parc au sommet de la côte de-la-Montagne, oui oui, celle-là même qui accueille le glorieux Red Bull Crashed Ice, événement qu’on a déplacé en mars pour ne pas nuire aux cotes d’écoute des Olympiques.
Cela fait bien des années que Parcs Canada veut reniper le parc Montmorency. Il y a quelques années, on a dépensé 35K$ pour refaire la pelouse qui languissait sous l’ombre des arbres. On a installé du gazon moins avide de soleil. Mais les ambitions de nos gardiens des biens que sont l’équipe de Parcs Canada à Québec étaient bien plus touffues qu’un simple gazon. Aujourd’hui, ces ambitions sont devenues projet en cours.
On réaménage toute la surface du parc. Vite dit, il s’agit de stimuler la mémoire de ce qui fut jadis, notamment, le parlement du Canada. Ce parlement que des amis douteux du pays ont incendié le 1 février 1854, dans un geste d’amour envers la ville de Québec, entraînant ainsi le déménagement de la capitale à Ottawa. De là l’expression «Vieille capitale» que Régis Labeaume affectionne tellement qu’il en fait une obsession. Le psychiâtre Clotaire est chargé de l’en délivrer.
Mémoire, disions-nous. Le tracé du périmètre du parlement sera tracé sur le sol, en granit ou autre matière de qualité. Tout l’intérieur du périmètre sera libéré de son gazon, trop à l’ombre de toutes façons, et rempli d’une sorte de fin gravier, comme on en installe dans les parcs en France, matériau qui laisse les racines des arbres respirer et ne devient jamais boueux en cas de pluie. Tout le reste du parc demeure en gazon. On «verra» le parlement en quelque sorte et Parcs Canada va installer du personnel, l’été, pour interpréter le parc au bénéfice des visiteurs, qui feront plus qu’une belle promenade car ils vivront une «expérience».
Le reste du parc va jouir de soins qui lui conféreront une esthétique digne de sa situation privilégiée. Quant au cimetière des Picotés, ce sera pour une autre fois.
Pas beaucoup de détails sur le Jardin. De fait, MursMurs n’a pas posé beaucoup de questions aux gens de Parcs Canada à ce sujet. Distraction… Mais il suffit de s’y promener pour voir ce qu’il y a à faire, notamment quand on admire les magnifiques trottoirs en asphalte torturée.
Entretien, voilà tout ce dont elles ont besoin. Mais c’est beaucoup. Pas de danger qu’elles s’écroulent de façon imminente mais encore là, il suffit de s’y promener pour voir qu’elles ont la petite vérole. D’ailleurs, MursMurs avait déjà signalé quelques négligences, crasses dirions-nous, conséquences non pas de l’incurie des administrateurs locaux de Parcs Canada mais de celle d’Ottawa. Tout n’est pas la faute d’Ottawa bien entendu, mais il est entendu que bien des bobos sont la faute d’Ottawa, comme l’incendie du Manège militaire, tiens.
Seize millions, c’est pas mal. Mais il faut remercier la récession car sans cette calamité, ça aurait peut-être été zéro.
Cette somme est en effet issue du Plan d’action économique du Canada, conçu pour combattre la récession en dépensant allègrement dans les infrastructures. Étrange quand même que pendant les nombreuses années où le gouvernement canadien voguait sur des surplus de 8 à 12 milliards par année, Parcs Canada et la Défense nationale ne recueillaient que des miettes pour l’entretien de la Citadelle et des fortifications. Justement, Ottawa vient de repousser, sinon de suspendre les travaux de 100M$ qui devaient commencer incessamment pour réparer la Citadelle. Soupir...
Bon. Parcs Canada va travailler fort pour atténuer les inconvénients que ces importants travaux vont causer. On leur fait confiance.